L’attentat anti sémite de Marseille: communiqué

13 janvier 2016

COMMUNIQUÉ DU COLLECTIF CULTURE COMMUNE

L’ATTENTAT DJIHADISTE ANTI-SÉMITE DE MARSEILLE

Depuis le début de l’année 2016, la France a connu trois attentats sur son sol : à Valence, Paris-Barbès et Marseille. Quel que soit le degré d’intégration de ces actes aux dispositifs opérationnels des organisations terroristes, il convient de reconnaître qu’ils relèvent tous de la stratégie djihadiste salafiste, en particulier de Daësh. Il n’y a plus de place aujourd’hui pour les spéculations sur le caractère déséquilibré des terroristes, leur éventuelle auto-radicalisation, ou la situation de « loup solitaire ». Cette activité de harcèlement combine des actions de groupes préparées, comme en janvier et novembre 2015, et des initiatives individuelles plus ou moins élaborées. Elle s’inscrit globalement dans la guerre conduite par Daësh contre notre société, qui vise ce que Daësh prend pour ses points faibles : sa consistance intellectuelle et morale. A cet égard la guerre terroriste déclarée à la société ne constitue pas, malgré son intitulé, un combat, mais une simple tuerie qui s’abat sur des personnes désarmées pour obtenir des avantages psychologiques : créer la tension entre les différents groupes ou communautés ; distiller un sentiment de peur et de passivité qui pourrait à terme nuire aux interventions militaires.

Le dernier attentat commis à Marseille par un Turc agé de seize ans, au nom de Daësh, contre Benjamin Amsellem, professeur à l’Institut franco-hébraïque La Source, traduit clairement la connexion entre le djihadisme salafiste et le « nouvel » anti – sémitisme. Une partie des musulmans en France sont en effet travaillés par une propagande anti -sémite incessante émanant des diverses tendances islamistes, des courants extrêmistes, provocateurs comme Dieudonné, ou communautaristes, à la façon du Parti des indigènes de la République. Cet anti-sémitisme peut rejoindre la stratégie djihadiste telle qu’elle a été explicitée, notamment, par Abou Moussab al-Souri. C’est ainsi qu’un modèle de l’opération terroriste à composante anti-sémite s’est mis en place, depuis 2012, avec Merah, l’assassin de Toulouse, et s’est reproduit, avec la cellule de Cannes Torcy (attaque à la grenade d’une épicerie cacher à Sarcelles, 2012), Nemmouche (attentat du Musée juif de Bruxelles, 2014), Coulibaly (tuerie de l’Hyper Cacher de Vincennes, 2015), Omar El-Hussein (fusillade à la grande synagogue de Copenhague, 2015). La dimension judéophobe n’est pas même absente des carnages du 13 novembre. Mais, si l’horreur des crimes de Merah laissés sans véritable réaction a pu susciter ce « remords terrible » dont parle Mona Ozouf, le mouvement « Je suis Charlie » a su, il y a un an, fédérer de manière décisive les différentes solidarités : je suis Charlie ; je suis Juif ; je suis policier.

Une nouvelle fois, il n’y a pas d’autre choix que de réagir. Nous devons d’abord condamner ce nouvel attentat et cette nouvelle horreur en désignant clairement le coupable : le djihadisme salafiste, et Daësh. Nous devons aussi manifester fortement notre solidarité avec les Juifs sur le modèle de cette attention aux victimes qui s’est exprimée après le 13 novembre. Mais réagir, c’est agir. Nous ne pouvons plus nous contenter de trouver et punir les coupables ou de travailler à la dé-radicalisation. Il faut maintenant prévenir, c’est-à-dire arrêter les futurs attentats, tarir à leur source le recrutement des djihadistes. Si le rôle de l’Etat est primordial pour la recherche des coupables, c’est à la société de mener le débat des idées et le combat des volontés. La décence retrouvée des Français ordinaires est la meilleure réplique à la guerre psychologique des terroristes.

Une réflexion sur “L’attentat anti sémite de Marseille: communiqué

  1. Je suis globalement d’accord mais je mettrais une nuance sur l’analyse de « je suis Charlie » : le mouvement « Je suis Charlie » a su, il y a un an, fédérer de manière décisive les différentes solidarités : je suis Charlie ; je suis Juif ; je suis policier. »
    Je vois, malheureusement, l’effet de masse du 11 septembre comme une juxtaposition de mobilisation : certains manifestaient pour la liberté d’expression, d’autres pour la police, d’autre contre l’antisémitisme. Mais j’ai peur qu’il n’y en ait pas beaucoup qui ont manifestés pour les 3 en même temps. Donc pour Marseille, il ne reste que ceux qui étaient la pour l’antisémitisme, donc…. pas grand monde.
    Par ailleurs, j’ai lu « le perdant radical » de Hans-Magnus Enzensberger et suis un peu déçu par sa fin ou l’auteur lie le djihadisme au déclin de la civilisation arabe depuis 800 ans. Il oublie le vingtième siècle donc :
    -la décolonisation (l’utilisation du religieux par les indépendantistes pour faire naitre ex nihilo une identité nationale et par les colonisateurs pour diviser comme en Inde par exemple).
    -La mutation d’Israël vers un état religieux : Arafat et Rabin ne mettait ni l’un ni l’autre l’identité religieuse au centre du conflit et depuis leur mort, on a le Hamas et l’extrême droite.
    -La défaite et l’échec des états indépendants se définissant comme laïque : Egypte de Nasser, Algérie de Boumedienne, Syrie des Hassad, Irak de Hussein, Inde des Nehru, Pakistan d’Ali Buttho. A comparer avec la réussite des états monarchiques et religieux (Emirats, Arabie Saoudite) où les occidentaux sont à leur pieds et le reste du monde le prolétariat (c’est l’inverse de ce qui est dit dans le livre).
    -La connerie des guerres du golfe des 2 Bush : le résultat est que les dictateurs laïques au départ se sont tournés vers l’Islam pour ranimer le sentiment national et que maintenant leur défaite est celle de l’Islam et pas des dictateurs.
    -La bonne conscience des européens et occidentaux qui sont les inventeurs de l’antisémitisme et qui se sont débarrassés du problème avec Israël don la création était à l’origine l’idée d’un fanatique religieux et pas du tout celle de l’intelligentsia juive (jamais vu Einstein ou Freud avec une kippa) qui a pu émigrer aux Etats Unis avant la guerre. Maintenant les antisémites sont les arabes alors que pendant des siècles la cohabitation dans les pays arabes ne posait pas de problème.

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